La ménopause : le second printemps
Dans la tradition japonaise, on ne parle pas de « ménopause » mais de « second printemps ». Cette expression dit quelque chose de précieux : elle déplace le regard. Elle ne réduit pas ce moment à une fin, mais l'ouvre à l'idée d'un renouveau, d'une transformation intérieure qui porte en elle des promesses de vie.
Le poids des représentations sociales
Chez nous, la société peine encore à offrir cette lumière. Elle valorise la jeunesse, la fécondité, l'image d'un corps féminin toujours disponible, performant, désirable selon ses codes. La ménopause vient bousculer ces normes : elle rappelle que le corps vieillit, que la fertilité s'interrompt. Alors, trop souvent, les femmes traversent ce passage dans le silence, marquées par la honte, par la peur d'être « moins » femme, par le sentiment d'être mises à l'écart.
Une richesse intérieure méconnue
Pourtant, dans l'intime, ce passage est bien plus riche que ces représentations sociales réductrices. Le corps change, oui : les cycles s'arrêtent, les symptômes s'imposent parfois avec violence. Mais le psychisme, lui, travaille. Il questionne le rapport au temps, à la transmission, au désir. Il confronte à l'histoire singulière de chacune : sa maternité ou son non-désir d'enfant, ses blessures, ses choix. Et il ouvre, souvent, une brèche vers un nouveau rapport à soi : plus libre, plus ancré, plus assumé.
Un moment de réinvention
C'est cela, le « second printemps » : une possibilité de se réinventer après les années consacrées aux autres, un moment pour revenir à soi, pour redécouvrir son désir, pour inventer une manière différente d'habiter son corps et sa vie.
Dans mon cabinet, j'entends cette ambivalence : la fatigue, l'angoisse, mais aussi la puissance nouvelle qui s'installe. Les femmes qui traversent la ménopause témoignent souvent de cette bascule : après l'épreuve, un espace de liberté s'ouvre. Plus besoin de contraception, plus d'injonction au cycle, une disponibilité nouvelle pour soi.
Faire évoluer les récits collectifs
La société, en nous imposant des modèles réducteurs, peut alourdir ce passage. Mais elle peut aussi évoluer. Elle peut offrir d'autres récits, comme celui du Japon, qui donnent de la dignité et de la lumière à ce moment de vie.
Une transformation à traverser
La ménopause n'est pas seulement un déclin à subir : c'est une transformation à traverser. Elle est exigeante, elle confronte à la perte, mais elle ouvre aussi à un printemps intérieur — plus doux, plus intime, plus libre.
