Burn-out : quand le corps dit stop avant les mots
Le burn-out ne commence pas d'un coup. Il s'installe lentement, presque en silence. On "tient", on serre les dents, on met de côté les signaux faibles : la fatigue qui s'accumule, le sommeil qui se détraque, la mémoire qui flanche, le dos qui se crispe. Et puis, un jour, ce n'est plus possible. Ce n'est pas qu'on ne veut plus, c'est qu'on ne peut plus.
En séance, je vois souvent des personnes qui arrivent en me disant : "Je ne comprends pas… j'ai toujours su encaisser, et là, je n'y arrive plus." Elles parlent de leur corps avant même de parler d'elles : palpitations, douleurs, insomnies, impression d'être vidées. C'est que dans le burn-out, le corps finit par prendre la parole quand l'esprit ne peut plus suivre.
Comprendre le burn-out : au-delà de la fatigue
Le burn-out est un état d'épuisement global : psychique, physique, émotionnel. Le stress chronique active en continu l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, ce système qui libère du cortisol pour nous aider à faire face. À court terme, c'est protecteur. Mais à long terme, il épuise l'organisme : le sommeil se dérègle, le système immunitaire s'affaiblit, l'inflammation s'installe, le cerveau tourne à vide.
On n'est pas "faible" quand on fait un burn-out : on a juste été trop longtemps en lutte, dans un système où les ressources ne compensent plus les exigences.
Ce que je vois en clinique
Ce que je vois en clinique, c'est que le burn-out n'est pas une simple fatigue. C'est une fatigue existentielle, qui touche le sens même de ce qu'on fait. Le matin, on se lève déjà épuisé·e. Les gestes deviennent mécaniques, la motivation s'effondre, le plaisir disparaît. On perd pied avec ce qu'on était.
J'ai accompagné des personnes qui avaient donné toute leur énergie à leur travail, par loyauté, par exigence, par passion parfois. Leur corps a fini par dire stop. Non pas contre elles, mais pour elles. Comme un dernier rempart.
Le chemin de la sortie
Sortir d'un burn-out, ce n'est pas "se reposer quelques jours". C'est un processus. Il faut d'abord reconnaître ce qui se passe, mettre un mot, parfois difficile à accepter. Ensuite, il s'agit de restaurer les bases : sommeil, respiration, alimentation, rythme. Le corps doit pouvoir récupérer.
Puis vient le travail psychique : comprendre ce qui a mené là. Les conditions de travail, bien sûr, mais aussi les mécanismes intérieurs : perfectionnisme, peur de décevoir, incapacité à poser des limites. Tout cela se travaille en psychothérapie, pas pour culpabiliser, mais pour redonner de la liberté.
Le burn-out est une épreuve douloureuse, mais il peut aussi devenir un point de bascule. Quand on le traverse avec un accompagnement adapté, il ouvre parfois la voie à une vie plus ajustée, à une manière de travailler et de vivre plus respectueuse de soi.
